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First Glimpse: Lié à Deux Ours Bear Mountain – Tome 1 par Kelex

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Lié à Deux Ours

Bear Mountain – Tome 1

Copyright © 2015 par Kelex

 

CHAPITRE UN

 

— Je n’y vais pas.

Carson releva les yeux du sac qu’il préparait. Deidre contemplait le sol, les épaules voûtées. Il n’aurait pas dû se sentir aussi surpris qu’il l’était par sa déclaration.

— Tu ne viens pas ?

Les battements de son cœur s’accélérèrent et il tenta, dur comme fer, d’empêcher son irritation de s’entendre dans sa voix, alors qu’il posait la question suivante :

— C’est bien ça ?

— Ouais, répondit Deidre à voix basse.

— J’en ai terminé. Nous deux, c’est fini. Nous devons juste l’admettre.

Carson se remit sur ses pieds, laissant le bagage à moitié prêt s’étaler à ses pieds. Il examina le visage de sa petite amie – ou de sa future ex-petite amie à ce qu’il semblait – à la recherche de la raison de ce soudain changement.

— Tu as dit que tu voulais travailler sur nous. Que nous devions vraiment mettre les choses à plat dans ces montagnes, seuls… loin de toute forme de distraction.

— J’ai changé d’avis, répondit-elle, encore à peine capable de regarder Carson dans les yeux.

Il la fixa un moment, essayant de comprendre pourquoi elle rompait maintenant.

— Ce chalet, c’était ton idée. Bon sang, tu es celle qui m’a envoyé le lien et qui m’a pressé pour réserver avant qu’il soit trop tard. Tu voulais essayer d’arranger la situation. Suis-je soudain devenu irrécupérable ?

Carson voulait se sentir en colère, mais il ne lui restait pas suffisamment d’émotions en lui. Il savait depuis des semaines que leur relation était terminée. Des mois plutôt, s’il y réfléchissait assez longtemps et profondément. Mais il avait voulu laisser une autre chance à Deidre. Autrefois, il y avait eu de l’amour entre eux, du moins, c’était ce que Carson avait cru.

— Pourquoi ce changement soudain ?

Le visage de Deidre se mit à rougir.

— J’ai… rencontré… quelqu’un.

Rencontré quelqu’un ? La rage qu’il éprouvait jaillit soudain. C’était une chose de se séparer. C’en était une autre qu’elle le rejette pour un autre homme.

— Dehors l’ancien, bonjour le nouveau, hein ?

— Allez, Car… Nous partons à la dérive depuis des mois maintenant. L’amour que nous ressentions a disparu et, récemment, j’ai rencontré quelqu’un qui me fait sourire. Il le fait, comme je souriais au début de notre histoire. Je pourrais être heureuse.

— Sérieusement ? Et c’est censé me faire sentir mieux ?

— Je pensais que nous pourrions rompre et rester bons amis, déclara Deidre. Il n’y a aucune raison de te mettre en colère. C’est simplement… fini. Ça l’est depuis bien longtemps. Tu le sais aussi bien que moi.

Carson s’agenouilla et termina de préparer son bagage. Pourquoi se sentait-il furieux ? Deidre avait raison. Leur histoire s’était effilochée et leurs vies étaient tout à fait distinctes, désormais. Ils partageaient très peu de choses maintenant. La seule raison pour laquelle il était furibond venait-elle du fait qu’il se faisait jeter et qu’il n’était pas celui qui rompait ? Ce n’était pas suffisant pour qu’il continue à se disputer. Ils en avaient terminé. Il valait mieux laisser simplement leur histoire mourir.

Deidre soupira.

— Que fais-tu ? Tu ne vas quand même pas y aller, n’est-ce pas ? Nous devons discuter de ce que nous allons faire.

Carson était pressé de sortir de la ville. À vrai dire, il avait vu les photos du site web qu’elle lui avait envoyées via le lien et il savait que c’était un endroit qu’il devait voir par lui-même. Les Bear Mountains avaient l’air incroyable et il y avait une réservation qui l’attendait.

— J’ai payé pour un chalet et je ne vais pas perdre ma réservation. Plus je serai loin de toi en ce moment, mieux je serai. Je ne veux pas dire quelque chose que je regretterais.

Il balança ses vêtements dans son sac à dos, avant de relever les yeux.

— Quand je reviendrai… ne sois plus là.

Les yeux de Deidre se mirent à briller légèrement, mais Carson ne voulait pas laisser le temps à l’émotion de l’atteindre.

— Je t’aime, Car. J’accorde beaucoup de valeur à notre amitié. Je ne veux pas la perdre.

— Arrête ça, déclara Carson, se relevant et lançant le sac sur son épaule.

Il se souciait de Deidre, vraiment. Ils étaient de bons amis, mais pour l’instant, ce n’était pas le moment pour ça. Peut-être qu’en cours de route… peut-être qu’ils pourront au moins sauver ça. Pas aujourd’hui, cependant.

— Je ne suis pas d’humeur à être ton ami pour l’instant. Laisse-moi juste sortir d’ici et tu pourras trier tes affaires.

— Si c’est ainsi que tu le prends, répondit Deidre, à voix basse. Je veux juste que tu saches que je te souhaite le meilleur. Et ce n’est pas moi. Tu mérites quelqu’un qui t’aime du plus profond de son cœur et pour toujours.

Carson tourna son regard vers elle.

— Ouais. Tu le mérites aussi.

Et je sais que ce n’est pas moi. Il laissa échapper un profond soupir.

— Fais attention à toi dans ce grand méchant monde.

Deidre croisa finalement ses yeux.

— Toi aussi. Ne te fais pas manger par un ours, là-haut, dans les montagnes.

Carson eut un sourire ironique.

— La journée ne peut pas être pire.

Deidre claqua son bras d’un coup peu convaincant.

— Ne dis pas ça. C’est peut-être un au revoir… mais c’est également un bonjour à ce qui arrivera par la suite.

Peut-être. Carson se pencha et l’embrassa sur le front. Elle agrippa l’avant de son tee-shirt et lui adressa un sourire, avant de reculer.

— Tu es quelqu’un de bien, Carson Davies.

Après avoir saisi son blouson, il se dirigea vers la porte d’entrée, sachant qu’à la minute où il la franchirait, cela reviendrait à refermer la porte sur ce chapitre de sa vie. Tandis que la poignée cliquetait derrière lui, il marqua une pause, fermant les yeux.

C’était terminé.

Il était de nouveau seul, sans personne d’autre à s’occuper que de lui-même. La douleur qui le rongeait depuis des mois grossissait dans sa poitrine et soudain, il comprit ce qu’elle était.

La solitude.

Même avec Deidre à ses côtés, il s’était senti seul. Ils s’étaient leurrés de penser que leur relation pouvait être sauvée.

La porte de l’ascenseur se referma sur lui, ne faisant que bouillonner davantage ses émotions. Seul à l’intérieur, il fit face aux parois miroitantes et remarqua la lueur de tristesse que ses propres yeux bleus lui renvoyaient. Carson était particulier et il le savait. Il ne faisait pas un bon célibataire. Il aimait avoir quelqu’un vers qui revenir. Quelqu’un dans le lit à côté de lui la nuit. Il appréciait le sentiment d’appartenance. Ce qui était pratiquement la raison pour laquelle il était resté avec Deidre trop longtemps, même si ce sentiment s’était évanoui.

Je suis livré à moi-même. C’est tout ce dont j’ai besoin. Ce week-end passé tout seul le prouvera.

L’ascenseur tinta juste avant que la porte s’ouvre sur le parking. Après une profonde inspiration, il en sortit et se dirigea vers de nouvelles aventures.

***

— Tous les invités sont arrivés, à l’exception d’un seul. Davies. Du chalet Larchmont, indiqua Royce tandis qu’il rangeait son bureau.

Rester assis toute la journée épuisait son âme. Il appartenait au monde extérieur, adorait courir à travers les arbres et détestait rester enchaîné et lié à un vieux morceau de bois.

— Deux occupants : ils ont signé pour deux randonnées afin de découvrir la faune sauvage. Une demain et une autre dimanche matin. S’ils ne se montrent pas, nous ne serons pas au complet pour l’une comme pour l’autre. Nous aurons peut-être à les annuler.

Jared jeta un coup d’œil à la feuille d’inscription d’un air morose. Royce savait qu’aucune des randonnées ne contenait plus de trois inscrits sur la liste.

— Plus personne ne se soucie d’emprunter ces sentiers désormais. Ils viennent ici pour baiser, déclara Jared en ricanant. Nos écolos semblent appartenir au passé grâce à notre petite célébrité.

Ils avaient récemment accueilli une actrice plus célèbre pour ses fêtes alcoolisées et droguées que pour tout ce qu’elle avait pu faire sur un grand écran, ayant utilisé un de leurs chalets pour tenter de renouer avec son dernier gigolo. Cela avait été un de ses derniers retranchements pour sauver leur relation qui prenait une tournure catastrophique. Une fois qu’elle avait posté un article sur son blog concernant son expérience aux Chalets de Bear Mountain, le téléphone avait commencé à sonner régulièrement, les tirant d’affaire. Leur campement était maintenant un endroit où aller pour sauver son mariage, d’après son armée de fans. Dommage que cela occulte la véritable raison pour laquelle ils l’avaient ouvert.

Et les visites guidées en souffraient également – au point où elles ne tenaient plus qu’à un fil.

— Encore quelques semaines comme ça et nous devrons soit laisser partir Paul, soit lui trouver un autre travail, ajouta Jared.

Royce retira ses lunettes et les jeta sur le bureau. Il se frotta le visage, puis leva les yeux vers Jared.

— Nous sommes complets jusqu’à la fin de l’année. Je suis certain que nous pourrons lui trouver quelque chose à faire.

— C’est un guide touristique. Il connaît ces montagnes mieux que quiconque de ma connaissance, et pour un humain, cela veut dire beaucoup.

— Il a été élevé par des ours, dit Royce avec un sourire narquois.

— Je veux dire… qu’allons-nous lui donner à faire ? Il ne sera pas heureux de travailler au restaurant ou de nettoyer les chalets. Il est comme nous. Il appartient à la forêt. Nous devons commencer à chasser ces nouveaux clients. C’est mauvais pour les affaires.

— Et au juste, comment déterminer quels invités sont ici pour faire quoi ? Ce n’est pas comme si nous pouvions leur demander s’ils viennent pour travailler sur leur relation quand ils font leurs réservations. Les souvenirs s’effaceront avec le temps. Ils oublieront tout ce qui nous concerne et nous reviendrons à notre train-train habituel. Nous devons juste le supporter pour l’instant.

— As-tu vu les avis sur Yelp ? Ils déclarent tous que cet endroit est comme La Mecque des relations. Je ne pense pas que cela va s’éteindre aussi vite que tu le penses. Peut-être que nous devrons menacer quelqu’un, afin d’avoir quelques mauvaises critiques à ajouter au mélange.

— Non, fit Royce. Je ne ferai rien pour détruire la réputation de l’affaire de mes grands-parents, et je ne peux pas croire que tu proposes ça.

Jared roula des yeux.

— Je plaisantais.

Royce le fusilla du regard, ce qui amena Jared à lever les mains en l’air.

— D’accord, à moitié seulement.

— L’afflux d’argent ne nous fait pas de mal. Il y a quelques rénovations et mises en conformité que je voulais faire par ici depuis que nous avons repris les chalets et cela devrait pouvoir tout couvrir. Paul aurait du travail pendant ce temps-là. Nous avons besoin de tailler certains arbres. Il y a plusieurs troncs et branches mortes à déblayer et à élaguer près des chalets. Je les ai remarqués lors de ma dernière tournée de la propriété.

— Je les ai notés sur ma liste des choses à faire. La maintenance de la zone fait partie de mon job, rétorqua sèchement Jared.

— Alors, fais-le ! cracha à son tour Royce. Je reste assis à ce bureau tous les jours, m’assurant que nous restions à flot. Tu es censé garder notre investissement en état et faire en sorte que tout fonctionne. Si c’est trop de travail, alors demande à Paul de s’en charger.

Royce tenta de réprimer son côté ours. Ces derniers temps, c’était devenu de plus en plus difficile de tenir en respect son côté animal. Les disputes entre Jared et lui augmentaient prodigieusement également. Ils étaient de très bons amis, ayant grandi ensemble. D’habitude, ils n’étaient pas en désaccord l’un avec l’autre, même en considérant combien ils étaient différents, mais désormais, il faisait tout ce qu’il pouvait pour ne pas laisser son ours sortir et grogner contre lui.

— Tu n’as pas à me donner d’ordres. Nous sommes partenaires à égalité dans cette affaire, je te rappelle.

Jared paraissait également prêt à se battre.

Royce sentit sa poitrine se gonfler.

— Alors, agis comme tel ! rugit-il.

Depuis ces derniers mois, quelque chose semblait le… ronger de l’intérieur. Royce ne parvenait pas à mettre le doigt sur ce que c’était, mais ça ne tournait pas rond.

Les yeux de Jared commencèrent à briller, affichant une lueur dorée.

— Tu n’as strictement aucune idée de tout ce que je peux faire par ici ! lâcha-t-il, le son rauque de sa voix faisant savoir à Royce qu’il était près de se transformer. Tu penses que, parce que cet endroit était celui de tes grands-parents, tu en es le propriétaire, mais c’est loin d’être le cas. Ils nous l’ont légué à tous les deux, Royce. Nous deux !

Jared se dirigea vers la porte.

— Mais si tu penses que tu peux mieux gérer tout seul, alors peut-être que je devrais te laisser essayer. Et qu’ensuite, tu te rendrais vraiment compte de tout ce que je peux accomplir.

Royce réprima son ours avant qu’il libère sa rage et ruine leur amitié. Jared travaillait comme un dingue et il le savait, mais récemment, tout lui paraissait être une cible légitime.

— C’est quoi ça ? Tout ce que nous semblons faire dernièrement, c’est nous battre.

Les yeux de Jared se ternirent et la brillance faiblit. Il prit une profonde inspiration.

— Je ne sais pas.

Il fixa ses pieds, puis revint vers Royce.

— Je ne me sens… plus moi-même en ce moment.

Royce s’adossa à sa chaise.

— Pareil pour moi. Je ne sais pas comment le décrire. Tout ce que je sais, c’est que j’ai l’impression que ma peau est deux fois trop petite et que je suis au bord de l’implosion tout le temps. Comme si quelque chose était sur le point de se produire et que je ne savais pas ce que c’était.

Jared se mit à sourire.

— Peut-être que nous avons trop remis une petite course de nuit. Nous ne nous sommes pas transformés depuis un bon moment. La lune est pleine ce soir.

— Peut-être, concéda Royce, refermant son registre.

La cloche sonna à l’entrée, l’avertissant de l’arrivée d’un de ses clients. Il se leva.

— On dirait que nos derniers invités pour le week-end viennent de se montrer. Allons les installer et nous reparlerons alors de cette course.

Jared leva une main, indiquant à Royce de ne plus bouger. Il renifla l’air et ses yeux s’écarquillèrent. Il recommença et fronça les sourcils.

— Sens-tu ça ?

Royce inhala profondément et saisit le parfum de quelque chose de… bizarre. Un brusque picotement traversa tout son corps, lui donnant la sensation d’être euphorique et faible en même temps. L’odeur était musquée… pourtant douce. Acidulée. Il inhala à nouveau et la même sensation déferla dans son corps.

— Qu’est-ce que c’est ? demanda Jared, se tournant vers la porte.

Royce n’en était pas certain, mais il voulait le découvrir. Il traversa le bureau, passa devant son ami et pénétra dans la petite entrée. Un homme seul se tenait devant le comptoir. Lorsqu’il se retourna pour regarder Royce…

Cela le frappa de plein fouet comme s’il avait été assommé.

Tout l’air sortit de ses poumons et il eut l’impression qu’un incendie ravageait ses entrailles. Un voile de sueur perla à son front. Un rugissement monta dans sa gorge et s’il n’avait pas eu la présence d’esprit de réprimer son instinct, il l’aurait libéré jusqu’à ce que les murs et les fenêtres soient secoués. Il savait que ses yeux brillaient, ils devaient l’être, vu l’expression terrorisée sur le visage de l’humain.

Le très beau visage de l’humain. Ses yeux bleus étaient de la couleur d’un ciel un jour d’été sur la montagne. Ses cheveux étaient blonds avec des reflets de la même teinte que les paillettes d’or qui luisaient dans les criques et les lits des ruisseaux qui coulaient au cœur de la montagne, sous ce soleil estival. La couleur correspondait à celle du chaume qui poussait sur ces traits, ne ressemblant pas encore à une barbe. D’après le rayonnement de sa peau, il devait passer de nombreuses journées en extérieur, à profiter de la nature. Son corps était en adéquation également, musclé à tous les bons endroits.

Et Royce commençait à paraître trop niais pour son propre bien. Qu’est-ce qui clochait avec lui ?

Le regard de l’individu passa de Royce à Jared, puis revint sur Royce avant de redresser le sac qu’il tenait à l’épaule.

— Je devrais peut-être y aller…

Royce sortit brutalement de sa stupeur et se précipita vers le comptoir, empêchant le gars de s’en aller. Du moins, pas avant qu’il sache son nom. Ses raisons d’être ici. Et pourquoi il sentait si foutrement bon !

— Je suis désolé. Notre service auprès de la clientèle est généralement bien meilleur. Je suis un des propriétaires, Royce. Puis-je vous être utile ?

— J’ai une réservation.

L’homme recula d’un pas, les gardant tous les deux dans sa ligne de mire.

— J’avais une réservation. J’ai été stupide de venir ici. Je dois y aller.

— Vous avez fait tout ce chemin en voiture pour faire demi-tour maintenant ? demanda Jared, s’approchant à son tour.

— Ouais… eh bien… c’était une belle promenade. Je pense que c’était tout ce que j’avais besoin de voir. Je n’ai aucune raison de rester ici plus longtemps.

— Les réservations ne sont pas remboursables. Vous ne voulez pas perdre inutilement votre argent, déclara Jared, rôdant plus près encore.

— Je supporterai la perte.

Le type les dévisagea tour à tour.

— Vous allez bien ? demanda Royce.

— Vos yeux… ils ont… brillé.

Royce éclata de rire, sachant qu’ils avaient laissé cet humain en voir beaucoup trop. Mais il avait dû lutter pour se retenir.

— Briller ? Sérieusement ? Je suis certain que c’était juste un reflet du soleil provenant de la fenêtre derrière vous.

Le gars jeta un coup d’œil à la fenêtre, par-dessus son épaule.

— C’est nuageux.

— Le soleil n’a fait qu’apparaître et disparaître toute la journée, expliqua Jared, tendant la main pour saisir ses bagages. Laissez-moi vous aider avec ceci.

— Le soleil ? répéta l’humain, plus pour lui-même que pour eux. Ouais. Ce devait être ça.

Il tendit son sac à Jared après quelques secondes.

— Je n’ai pas la tête très claire en ce moment. Je suis certain que c’était le soleil. Ce devait être ça, non ?

— Exact, répondit Jared, avec un lent sourire plein d’aplomb.

Royce revint derrière le comptoir, bien que mettre quoi que ce soit entre l’humain et lui était la dernière des choses qu’il désirait faire. Ils lui avaient déjà fait peur. Il devait agir aussi normalement que possible et étouffer la bête furieuse à l’intérieur de lui, qui était encore prête à rugir. Il avait une petite idée de ce que cela signifiait. Se tournant vers Jared, il croisa le regard de son ami. L’air de compréhension qu’il affichait en le dévisageant lui indiqua qu’ils étaient peut-être sur la même longueur d’onde.

Ouvrant l’ordinateur, Royce procéda à l’enregistrement, puis regarda au-dessus de l’écran.

— Il ne nous reste plus qu’un chalet non réclamé. Pour deux personnes.

Une pique de jalousie le traversa à cette idée. Son esprit revint sur le commentaire de Jared plus tôt, à propos de gens venant uniquement ici pour baiser. Personne n’allait toucher cet humain. Personne à part eux. L’ours de Royce était prêt à déchiqueter celui qui oserait, et à le réduire en lambeaux.

— Ce sera juste pour une personne. Je suis venu seul, expliqua l’homme, s’approchant plus près du comptoir. La réservation a été faite au nom de Davies. Carson Davies.

Royce appuya sur quelques touches de son ordinateur, essayant de réprimer un sourire satisfait. Seul. Cela sonnait nettement mieux.

— Vous vous êtes également inscrit pour deux randonnées en pleine nature. Êtes-vous toujours intéressé ? demanda-t-il, relevant les yeux pour jeter un autre coup d’œil à l’homme magnifique.

Carson secoua la tête.

— Je ne suis pas d’humeur à être entouré par des gens. Vous avez peut-être une carte des sentiers ? Je pourrais y aller seul.

— Ce n’est pas sûr de marcher seul, intervint Jared. Nous avons beaucoup d’ours dans les montagnes. Je pourrai vous emmener, si vous le souhaitez. Sans aucun autre invité, ainsi vous n’aurez que moi à supporter.

— Ouais, peut-être, déclara Carson d’un geste désinvolte de la main.

Il paraissait toujours un peu terrifié par eux deux.

— N’importe lequel d’entre nous serait plus qu’heureux de vous offrir un tour dans les montagnes, Monsieur Davies. Mais je suis d’accord pour ce qui est d’y aller seul. Ce n’est pas sûr, reprit Royce. Jared a raison à propos des ours sur cette montagne. Certains se montrent plutôt amicaux avec les humains. D’autres, pas tant que ça.

Bordel, n’était-ce pas la stricte vérité ?

— Appelez-moi, Carson, indiqua le client, échangeant un regard avec Royce.

Celui-ci sentit une vague de chaleur émaner de ses prunelles, puis elle disparut aussi rapidement qu’elle était apparue.

— D’accord… Carson, répondit Royce, le sentant se détendre enfin légèrement.

Une fois que Carson eut signé le registre, sur la ligne en pointillés, il lui tendit la clef du chalet Larchmont.

— Je peux vous montrer le chemin.

— Je m’en occupe ! offrit trop rapidement Jared.

Il faudra d’abord me passer sur le corps.

— Je suis certain qu’il te reste beaucoup à faire aujourd’hui, Jared. Ces branches ont toujours besoin d’être taillées et ramassées. Et Paul doit se voir assigner une tâche également.

Jared le fusilla du regard.

— Oui, monsieur ! grogna-t-il.

Royce prit les sacs des mains de Jared avec un sourire, avant de se tourner vers Carson.

— Suivez-moi.

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